Fleurey-sur-Ouche
Paul ROYER
Au bord de la D905
à la sortie de Fleurey-sur-Ouche en direction de Dijon
photo JM Bordet
Photo JM Bordet
Photo X
photo JM Bordet
Paul ROYER est tombé sous les balles allemandes le 2 septembre 1944. Une stèle restaurée en 2024 commémore sa fin tragique à l'endroit même des événements. Voici le discours prononcé le 1er septembre 2024 lors de l'inauguration de cette stèle, par le maire de Fleurey-sur-Ouche, Philippe ALGRAIN, qui retrace le parcours du jeune résistant :
Paul Royer (1923-1944)
Mort au champ d’honneur, à Fleurey, le 2 septembre 1944
Aux premiers jours de septembre 1944, les Forces Francaises du général de Lattre de Tassigny, venant du sud, sont à la veille de libérer notre région. Les allemands se replient vers le nord-est. Leurs convois sont harcelés par les maquis locaux (F F I)
Un groupe de résistants de la Compagnie Madagascar dirigée par Léon Bertrand, alias le capitaine Malgache, a installé son camp sur la « Montagne du télégraphe », au-dessus de Remilly-en-Montagne.
De Fleurey, font partie de ce maquis : Jules Truillot, dit Julot, 36 ans, futur maire ; Albert Grée, dit Jim, 30 ans, mécanicien automobile ; Albert Didier, dit La Bande, 39 ans, platrier peintre ; Albert Imbert, peintre, 40 ans; Robert Imbert, plombier, 33 ans et Auguste Lagrange, 30 ans.
Comment Paul Royer, jeune alsacien de 21 ans, va-t-il intégrer cette unité bourguignonne ?
En 1941, après avoir décroché le drapeau nazi qui flottait à la Mairie de son village, Schirhein, dans le Bas-Rhin, Paul quitte son village accompagné de quelques camarades pour échapper aux représailles allemandes. Ils descendent par étapes vers le Sud. Après avoir signé son engagement dans l’armée française à LONS LE SAUNIER, Paul est affecté au 159e Régiment d’infanterie Alpine, appelé aussi Régiment de la Neige.
Ce régiment participe à de grandes manœuvres militaires dans la région de THOIRY, Les DESERTS, Le REVARD avec la 13e BCA de CHAMBERY et d’autres régiments de la région du Dauphiné.
Après l’attaque de leur maquis à Attignat-Oncin par l’armée allemande le 19 mai 1944, Paul et quelques camarades décident de rejoindre l’Alsace pour y créer un groupe de francs-tireurs et participer à sa Libération.
Le 8 juillet 1944, ils arrivent en Bourgogne d’où l’un d’entre eux est originaire, Albert FORT. Alors qu’ils sont dans le café de Charmoy, près de Blaisy-Haut, ils sont recrutés par deux résistants de la Compagnie Madagascar : Léon Bertrand, dit le capitaine Malgache et Émile Marange, dit L’Aviateur.
Paul Royer, dit désormais Poly ou Kauffmann, va participer très activement aux combats du maquis Madagascar principalement dans le secteur de Sombernon-Remilly-en- Montagne et à la bataille du Leuzeu le 30 juillet 1944 quand les maquisards de leur compagnie viennent chercher des armes lourdes parachutées par les Britanniques le 28 juillet.
Le 5 août, le maquis Madagascar repart vers Remilly-en-Montagne et continue de son coté avec beaucoup d’audace les combats contre les forces allemandes ou les miliciens de Vichy (attaques de convois allemands sur la route nationale 5 ; sabotages de la voie ferrée Dijon-Paris,..). Paul Royer est de tous les coups durs.
Le 2 septembre 1944, il y a 80 ans presque jour pour jour, une expédition en traction part en direction de Velars par la RN5 pour arrêter deux miliciens. Le Malgache conduit le véhicule accompagné de René Ducarouge, Albert Fort et Paul Royer, les nouvelles recrues. Ils sont lourdement armés. Arrivés à la hauteur de Fleurey-sur-Ouche, au lieudit « En Charme », quatre véhicules allemands sont arrêtés en haut de la côte. Le Malgache stoppe brutalement et le groupe de résistants attaque au fusil mitrailleur la dizaine d’allemands postés près du premier véhicule. Surpris, plusieurs ennemis sont tués ou blessés. Puis le fusil mitrailleur s’enraye, l’ennemi riposte et prend le dessus, la voiture, conduite par le Malgache, recule en catastrophe sous les balles. Armé de sa mitraillette, pendant de longues minutes, Paul Royer couvre le repli de ses camarades. Mais deux rafales, l’une dans la poitrine, l’autre dans le genou ont raison de son courage, il s’écroule mortellement blessé.
Son corps est recueilli le lendemain au bord de la route et emmené à Remilly-en- Montagne où lui sont rendus les derniers honneurs. Un service funèbre sera célébré par le curé d’Agey dans l’église noire de monde.
D’abord enterré au cimetière du village, Paul Royer sera ensuite inhumé à Schirrhein, le lieu de résidence de sa famille, en 1948.
À Fleurey, cette stéle élevée au bord de l’ancienne route nationale, marque l’endroit où le jeune héros a perdu la vie. La Médaille Militaire lui sera conférée à titre posthume, avec Citation comportant l’attribution de la Croix de Guerre avec palme.
En dernier hommage à ce jeune résistant, nous reprendrons la dédicace du capitaine Malgache dans son livre : Journal de Marche de la Compagnie Madagascar :
« Cet ouvrage est dédié à tous ceux qui ont servi sous mes ordres à la Compagnie Madagascar » en souvenir et en témoignage d’amitié, et plus particulièrement à nos morts dont Paul Royer (Poly ou Kaufman), le meilleur d’entre nous, jeune alsacien animé d’un violent amour pour la France et du plus pur esprit de sacrifice ».
Ces renseignements sont tirés du livre Lendemain d’Evasion, Journal de Marche de la Compagnie Madagascar, écrit par le Capitaine Malgache et publié en 1947 aux Editions Jacques et Demontrond de Besançon, d’un document envoyé par la famille ainsi que des recherches de l’association HIPAF (Guy Masson et Jacqueline Mugnier).
ll reçut également à titre posthume la Médaille de la Résistance française par décret du 11/03/1947 publié au JO le 27/03/1947.