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L'affaire Werner

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Jean-Claude MUZARD
(médecin généraliste retraité,
fils de déporté résistant)

A propos du docteur Quignard

condamné à mort et fusillé le 1er mars 1944.

Le sens du serment d’Hippocrate

Je me présente : Jean-Claude Muzard, fils de déporté résistant et médecin généraliste retraité. C’est à ce titre que j’interviens aujourd’hui pour évoquer le cas du docteur Guignard condamné à mort et fusillé avec les 15 résistants sur les 16 jugés au cours de ce procès du 29 février 1944.


Le film présenté au début de cette célébration montre parfaitement l’enchainement des événements du 28 janvier et le rôle tenu par le médecin. L’officier allemand fait prisonnier par les résistants ayant été blessé, ceux-ci sont allés quérir le docteur Quignard pour lui prodiguer les soins que son état nécessitait. Le blessé soigné, les résistants ont jugé préférable de le transférer dans un lieu plus sûr pour la sécurité de tous et le médecin a prêté sa voiture pour assurer au blessé un transport médicalement plus en rapport avec son état.


Au cours du procès, pour justifier la condamnation à mort du médecin le procureur SS l’accuse : - de Non dénonciation des terroristes - de N’avoir prodigué que des Soins Sommaires - d’avoir Prêté sa voiture pour le transport du blessé.


Il s’agit là de totales contre-vérités le docteur Quignard, ce 28 janvier 1944 a strictement exercé son rôle de médecin en respectant à la lettre le serment que prononce chaque étudiant en médecine quand il reçoit le titre de Docteur en Médecine à l’issue de la soutenance de sa thèse. Ce serment vous le connaissez, il s’agit du Serment d’Hippocrate, je vous lis quelques extraits du texte original celui que le Docteur Quignard a pu prononcer à la faculté de médecine de Paris :


« Je jure par Apollon, par Asclépios, par Hygie et Panacée, par tous les dieux et toutes les déesses, les prenant à témoin de remplir selon ma capacité et mon jugement de serment et ce contrat…


Dans toutes les maisons ou je dois entrer, je pénétrerai pour l’utilité des malades me tenant à l’écart de toute injustice volontaire… Tout ce que je verrai ou entendrai au cours du traitement, ou même en dehors du traitement concernant la vie des gens, si cela ne doit jamais être répété au-dehors, je le ferai considérant que de telles choses sont secrètes.


Eh bien donc si j’exécute ce serment et ne l’enfreins pas, qu’il me soit donné de jouir de ma vie et de mon art, honoré de tous les hommes pour l’éternité. En revanche si je viole et que je me parjure que ce soit le contraire ».


Ce texte a été réécrit en 2012 par le Conseil National de l’Ordre des médecins afin d’être conforme à l’éthique médicale moderne, en voici l’intégralité :


« Je promets d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité dans l’exercice de la Médecine. Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté sans discrimination. J’interviendrai pour les protéger si elles sont vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité.


Même sous la menace je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité. J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences. Je ne tromperai jamais leur CONFIANCE.


Je donnerai mes soins à l’indigent et je n’exigerai pas un salaire au-dessus de mon travail. Admis dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés et ma conduite ne servira pas à corrompre les moeurs. Je ferai tout pour soulager les souffrances, je ne prolongerai pas abusivement la vie ni ne provoquerai délibérément la mort. Je préserverai l’indépendance nécessaire et je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences et je perfectionnerai mes connaissances pour assurer au mieux ma mission.


Que les hommes m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses, que je sois couvert d’opprobre et méprisé si j’y manque ».


Maurice Quignard n’a pas trahi son serment ce 28 janvier, il savait sans doute que des résistants lui demandaient de venir soigner un ennemi mais en ne les dénonçant pas il a respecté le secret auquel chaque praticien est astreint ; en prodiguant les soins au mieux qu’il le pouvait (je vous rappelle que Werner n’est pas mort de ses blessures) et en assurant le transport du blessé dans des conditions médicales et humaines correctes, il a totalement fait honneur à son serment.

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Le docteur Quignard a donc été la victime d’un procès INFÂME fait uniquement pour la propagande afin de mettre en évidence la SS, de remonter le moral des troupes de la Wehrmacht après les revers du front de l’Est et en Méditerranée, mais surtout pour empêcher tout esprit de résistance à la population française en la terrorisant à l’approche du débarquement.


Maurice QUIGNARD mérite qu’on lui rende hommage aujourd’hui et son sacrifice doit perdurer dans la mémoire collective de la Bourgogne.


Je vous remercie de votre attention.

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